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INCINERATION A CIEL OUVERT 1
29/09/2006 05:12
INCANDESCENCE
Voilà, puisque je traverse actuellement un cycle de mort, je vous livre ma rencontre de la journée : l’incinération du corps d’un homme d’une quarantaine d’année, décédé il y a trois jours d’un cancer.
Par respect pour la famille du défunt qui m’a invitée à la cérémonie funéraire dans leur demeure, je n’ai pas pris de photos de l’embaumement du corps, allongé nu sur une table de bambou tressée pour l’occasion et exposé au plein air dans la cour centrale de la maison familiale.
Sous l’autorité du prêtre, devant sa mère qui tenait des bâtons d’encens près de sa tête, ses frères et ses cousins l’ont massé avec des huiles puis avec de la poudre. Ils ont bouché ses yeux et ses narines puis, avant de l’envelopper dans un linge blanc, sa mère l’a aspergé de parfum occidental. Les hommes l’ont ensuite enroulé dans une natte de pandanus qu’ils ont recouverte d’étoffes colorées et, ainsi empaqueté, ils l’ont emmené vers le lieu de crémation, 200 mètres plus loin. Là où a eu lieu la crémation de la Princesse il y trois jours.
Le corps a été débarrassé de la natte et des étoffes qui ont été brûlées à part, avec les couronnes d’offrandes. Seul le linceul blanc qui avait été en contact direct avec le corps a été jeté dans le même feu.
Le corps a mis plus de deux heures à brûler. Il a fallu deux bonbonnes de gaz pour alimenter le chalumeau qui entretenait un feu constant sous le brasier. Régulièrement, les incinérateurs versaient du pétrole dans un bambou creux qu’ils vidaient sur le dessus du corps. Avec de grandes piques, ils soulevaient les membres afin d’activer sa combustion.
Excepté un nombre restreint de personnes, intimement touchées par ce décès, les autres personnes présentes n’étaient pas particulièrement troublées par la cérémonie. Les enfants de tout âge y assistaient, l’un d’entre eux jouait avec sa game boy alors que deux autres se coursaient. Et les téléphones portables qui sonnaient arrivaient presque à couvrir la musique des gamelans !
Entre la fin de l’embaumement et le départ vers le site de crémation, pendant les 45 minutes que prirent les derniers rituels religieux, le buffet largement garni fut pris d’assaut, dans la bonne humeur propre aux réunions de famille et d’amis.
Depuis son décès, le corps avait été veillé, le jour par les femmes et la nuit par les hommes. Et les veilles nocturnes étaient loin d’être tristes. Ayant ma chambre proche de la cour où se tenaient les veilleurs, je les ai entendu rire et bavarder, comme certainement ils l’auraient fait avec leur ami ou parent vivant.
À Bali, le spirituel côtoie en permanence le temporel, la mort n’est pas tabou, et le corps est ramené à sa dimension la plus sobre, celle de véhicule de l’âme.
Commentaire de kaptain Kriss (29/09/2006 06:14) :
Très bon article. La mort n'est pas vécue là-bas comme quelque chose
de triste comme en Europe. Cela ressemble au rites égyptiens d'antan.
Mais voir le corps brûlé, j'aurais du mal je crois, rien que
l'odeur me ferait tourner de l'oeil.
A plus pour de nouvelles découvertes sur Bali.
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Commentaire de inca (07/10/2006 12:55) :
Cette photo est étrange et fascinante.
Elle évoque milles choses qui me parles.
Si tu veux me faire un cadeau, expédies moi l'original.
Bises
Bruno inca@inca.nc
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Commentaire de biche (14/10/2006 19:14) :
merci de nous faire partager ces moments exceptionnels, qui pour nous,
européens, semblent d'un autre temps et qui nous rappellent que nous
sommes de passage sur terre et que la mort fait partie de la vie.
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Commentaire de wour (19/10/2006 17:47) :
etrange et envoutant moment exeptionnel.
Photos rares et precieuses
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